Poésie: Unanime

Unanime, cheval venteux

Ça claque dans les arbres. Les feuilles hurlent une chanson primitive. Les branches se disputent, craquent leurs liens.
Puissance en dehors. Peur en dedans.
L'adrénaline me parcourt l'échine et assaille mon diaphragme. L'autre, énorme, à côté de moi, bouscule l'air, s'écarte subitement au passage du courant. Tensions et contractions font des noeuds, comme nos crins qui s'en mêlent et s'entremêlent. Les images des possibles soufflent derrière mes paupières et battent mon coeur en mesure. Le sien semble vouloir s'échapper de ses naseaux. Ma tête s'enfonce dans mes épaules tandis que mes talons prennent du haut. Sa bouche figée dans son corps déjà parti. La corde entre nous va se briser.
Respirer. Respirer. Respirer.

Respirer. Respirer. Respirer.
Défaire la longe, refaire le lien. Laisser entrer l'air du dehors au dedans. Calmer les bourrasques intérieures. Explorer ensemble le vent, résister ici, et là s'y laisser prendre, atterrir un peu plus loin. Embrasser le mouvement, suivre ses déplacements. Nos foulées clapotent au même rythme. Nos pieds s'étalent et nos cages thoraciques communient. Baisser nos têtes face aux rafales, plisser nos yeux dans le trop de sombre ou de lumière. Plaisir de ce mouvement commun, de ces sensations partagées. Soupir d'aise.
Tempête en dehors. Confiance en dedans.
Nos reflets se partagent le ciel, nos six pieds s'enfoncent dans le sol. Traces de l'histoire de l'instant. Laisser s'animer les ryhtmes. Vibrer l'initiative. Circuler l'élan. S'ébrouer.
Le regarder. Encore. Admiration de toute la beauté de cet animal incroyable.
Puissance en dehors. Puissance en dedans.

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